Les gowe de Nias

Les sculptures anthropomorphes bien connues des collectionneurs sont les Adu zatua, des statues en bois représentant un ancêtre et support de l’âme du défunt, placées à l’intérieur des maisons. Moins réputées, sont les Gowe, ces sculptures de pierre pouvant atteindre près de 3 mètres ! Elles étaient placées devant les maisons et, si on en a trouvé isolées, c’est que le village a été abandonné. Elles ne sont pas en rapport avec les ancêtres mais avec le statut de l’individu qui les a fait ériger après avoir acquis le titre honorifique de balugu, chef de village après avoir donné une fête Owasa.

 Site d’Hiligoe © Schröder, 1917

Les styles des Gowe sont très variés. On relève dans la littérature quatre régions principales attachées à ces styles bien que ce découpage ne soit pas si net :
– Le haut Oyo, avec des statues en ronde bosse, des visages expressifs. Le site le plus connu de cette région est Olayama.
– La région des fleuves Moro »o et Lahomi, avec des statues de grandes tailles. Le site représentatif est la région de Mandrehe avec les sites d’Hiligoe.
– Le bas Oyo, avec des statues ressemblant à des stèles mais avec des visages expressifs : 4 sites à Balödanö.
– La région du fleuve Idanoï (près de Gunung Sitoli), avec des statues diverses, souvent en position assises.

Détail d’une carte des sites des Gowe in Messages de Pierre © M. Barbier Mueller et Alain Viaro

On notera le fait qu’un grand nombre de ces statues sont hermaphrodites, le sexe en érection.
L’intérêt de réunir ces photographies anciennes est de pouvoir les comparer à la situation actuelle, sachant qu’un certain nombre a été détruit ou acheté ou pillé, que d’autres ont été reconstruites. L’intérêt du voyage n’est-il pas le chemin ?

 Gowe Salava du Pavillon des Sessions du Louvre (ex cll. Barbier Mueller), photographié in situ dans les années 70, photo © Catherine Becker 1978, archives Barbier-Mueller in Messages de Pierre.

Les Gowe ont des noms et peuvent avoir des adjectifs : Gowe Salawa mentionne « le chef des pierres », Examinons de plus près celui qui se trouve de nos jours exposé au Pavillon des Sessions du Louvre :

Gowe Salava © MQB 70.1999.5.1

Ce Gowe Salawa, d’1,31m, certainement originaire de la région de Lahömi, est pourvu d’une haute coiffe soutenue par un bandeau à cabochons. Il porte un torque et des bracelets, l’un sur le biceps, l’autre au poignet droit. Une longue boucle d’oreille pend à droite et le sexe est en érection. Contrairement à de nombreux Gowe, il ne croise pas ses mains en tenant une coupe de bétel, symbole de bienvenue ; son bras droit est simplement ramené sur la poitrine au-dessus de son bras gauche.

Une étude sur ces sculptures a été menée, entre autres, par Yves Battais dont on trouvera des éléments dans son ouvrage de 2003 : The sculpted word. The Gowe ni’oniha of Nias.

Photo 1 : Bitaha Olayama © Schnitger, fin des années 1930.

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