Les statues-trônes du royaume de Kom

Un peu moins célèbres que la « reine » et le « roi » de Bangwa, il existe encore cette paire de statues-trônes commémoratives provenant d’un autre petit royaume, celui de Kom, dans le Nord Ouest du Cameroun dont le principal village est Laikom.
Celles-ci étaient à l’origine recouvertes de tissu brodé de perles.
Elles ont fait l’affiche de nombreuses expositions notamment « Heroïc Africans : Legendary Leaders, Iconic Sculptures » fin 2011-début 2012 au Metropolitan museum, et plus tôt en 2008 au Rietberg museum avec l’exposition « Cameroon – Art of the Kings« .

Scène de pillage au palais de Laikom, 1905,Photo de Langhof © Koloniales Bildarchiv (Universitätsbibliothek Frankfurt am Main)

L’origine de ces statues ne fait aucun doute : elles sont issues du pillage du palais de Laikom en 1905 commandé par l’officier allemand von Putlitz et son corps d’armée. Cette attaque faisait partie de la politique coloniale allemande visant à étendre et consolider leur contrôle sur les territoires camerounais.
La photo ci-dessus témoigne de ce butin qui comprend outre les deux statues-trônes, deux autres statues assises et une, placée au centre, portant un curieux chapeau de style européen. Cette dernière est conservée au Linden-Museum.
On relève encore deux masques buffles et les importants masques ngoin au premier plan.
Revenons aux grandes figures.
Elles auraient été sculptées par le roi Yu (1865-1912), un souverain très important dans l’histoire de ce petit royaume. Dans une série de photographies prises par l’agent colonial Adolf Diehl vers 1911, on peut voir Yu en tain de sculpter plusieurs statues du même type, aidé d’un autre artiste. (Adolf Diehl était un marchand mais aussi un collecteur ; avant le Cameroun il était au Togo et il a fourni de nombreux objets au Linden Museum de Stuttgart et au musée ethnologique de Leipzig).

Le Foyn Yu de Kom vers 1911, photo d’Adolf Diehl © Staatliche Museen zu Berlin, Ethnologisches Museum .

Une fois les statues-trônes parties à Berlin, et quelques années plus tard elles furent remplacées par trois autres statues du même type. Ce sont elles qui sont considérées par le peuple de Kom comme les authentiques sculptures du royaume. Elles sont considérées come le véritable symbole de l’identité Kom, aussi quel ne fut pas l’émoi de la population lorsque la plus importante d’entre elles, l’Afo-A-Kom, fut volée en 1966. Sept ans plus tard, elle fut reconnue dans une galerie d’art américaine par Warren M. Robbins, un collectionneur, qui a alors alarmé la communauté de Kom de la situation. Ce dernier a pu réunir des fonds pour racheter la statue volée, et celle-ci fut ramenée dans sa résidence habituelle à Laikom.

Invocation de trois statues fuon-toh par le foyn de Kom, Jinabo II, lors de son intronisation, le 10 janvier 1976. © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / image BPK

Cette photographie les montre réunies en 1976 lors de l’intronisation du nouveau roi (foyn), Jinabo II en 1976. En savoir plus sur l’affaire Afo-A-Kom – Galerie Furman et peuple Kom.

Photo 1 : Statue commémorative Afo-a-Kom du roi Tufoyn. Kom © Staatliche Museen zu Berlin, Ethnologisches Museum III C 20681
Photo 2 : Statue commémorative nafoyn de la reine-mère Naya. Kom © Staatliche Museen zu Berlin, Ethnologisches Museum III C 20682

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