Beaucoup d’émotion à la vue de cette masquette en ivoire vieille de 3900 ans et découverte sur l’île de Devon dans le Haut-Arctique canadien. Elle représenterait vraisemblablement le visage d’une femme âgée. Les tatouages ornant son front, son menton et ses joues semblent témoigner d’événements marquants de son existence, bien que leur signification m’échappe.
Situé à Gatineau, face à la colline du Parlement, le musée canadien de l’Histoire, à Ottawa est bien plus qu’un simple lieu d’exposition : c’est une porte ouverte sur les civilisations qui ont façonné le territoire bien avant l’arrivée des Européens. Ses expositions m’ont émerveillée autant par les imposants poteaux sculptés qui peuplent son hall d’entrée que par les délicates figurines issues de civilisations anciennes, révélant la richesse et la diversité du passé. En passant par les masques à transformation toujours étonnants !

Avant les Inuits, les peuples paléo-esquimaux ont habité les régions arctiques du Canada pendant des millénaires. Le musée retrace leur histoire à travers des artefacts rares : outils en pierre, harpons et objets rituels. Parmi les oeuvres réalisées par les Dorsétiens (une culture apparue il y a environ 2500 ans au Cap Dorset), les plus raffinées sont certainement celles de représentations d’ours polaires et des figurines humaines.

Les peuples autochtones de la côte nord-ouest — Haïdas, Tlingits, Kwakwaka’wakw, et autres — sont célèbres pour leur vie cérémonielle. Le musée expose une collection impressionnante de masques. Ces masques, utilisés lors des potlatchs et autres cérémonies, incarnent des esprits, des ancêtres ou des animaux totémiques.

Chaque pièce raconte une histoire : celle d’un corbeau créateur, d’un ours protecteur ou d’un saumon sacré. Les potlatchs, cérémonies de dons et de transmission de savoirs, sont présentés comme des piliers de la vie sociale et spirituelle.






« Dans tous nos récits, il y a toujours un élément, un personnage qui se transforme. Il peut prendre la forme d’un élément naturel ou d’une créature différente, ou abandonner sa forme animale pour prendre une forme humaine. Toutes les oeuvres d’art ont un rapport avec les récits qui sont racontés, donc même si on ne sculpte ou ne peint pas nécessairement une transformation, le lien entre l’oeuvre et le récit est sous-entendu. » Yaahl’ Aada, Cori Savard, Haïda, 2011.

Au-delà des galeries autochtones, le Musée canadien de l’histoire propose une vaste collection qui couvre l’évolution du Canada depuis les premiers contacts européens jusqu’à l’époque contemporaine. On y découvre les débuts de la Nouvelle-France, les conflits coloniaux, la naissance de la Confédération, les deux guerres mondiales, et les mouvements sociaux qui ont façonné le pays.

Je dois l’avouer : je n’ai pas tout vu. Le musée est vaste, foisonnant, et chaque salle mérite qu’on s’y attarde. Entre les galeries autochtones, les expositions historiques, les objets du quotidien et les récits de vie, il y a de quoi y passer des heures. Sont ici conjugués mémoire, savoir et émotion !