Qui a dit que les personnes de l’hémisphère sud marchaient sur la tête ?
L’exposition d’art aborigène australien présentée aujourd’hui à la mairie du 5è (Paris) s’est ouverte sur une toile intrigante : un bonhomme tête en bas, figure d’un artiste dont le travail semble explorer les dualités du monde et les inversions de perspective. (Probablement une vision occidentale de ma part, car les artistes aborigènes peignent généralement à plat…). Quoiqu’il en soit, cette image, à la fois ludique et symbolique, invite à renverser nos repères et à interroger notre regard sur l’histoire de l’Australie et ses cultures aborigènes.
Cette seconde toile suggère-t-elle une réconciliation des points de vue, une mise en équilibre entre le regard porté et le regard reçu ?
Ensemble, les deux œuvres semblent former une métaphore du dialogue (ou pas) entre les mondes — artistique, historique, culturel qui sera illustré par une conférence de Marine Marin consacrée au navigateur Nicolas Baudin et à son voyage en Australie.
La salle des fêtes de la mairie du 5ème offre un bel écrin à la présentation de la collection de deux passionnés autour d’une centaine d’oeuvres — peintures à l’acrylique sur toile, pigments naturels sur écorce et artefacts.
À la sortie, je retrouve la représentation d’un de ces êtres étranges, un wandjina, cette figure ancestrale des peuples du nord-ouest australien, qui incarne à la fois la création, la pluie, le souffle vital et le regard omniprésent. Son visage sans bouche, ses grands yeux ouverts, semblent interroger silencieusement.
Dans le sillage des deux toiles inversées — l’une tête en bas, l’autre tête en haut — le wandjina apparaît, pour nous spectateur occidental, comme un troisième regard, ni renversé ni redressé, mais intérieur. Il ne parle pas, il observe…
à voir si vous êtes actuellement à Paris car l’exposition se termine dans une semaine (horaires spéciaux 11h-17h en semaine et 9H-12h le samedi)
Détours des Mondes 