Le masque MBANGU chez les Pende

Ce masque MBANGU, l’ensorcelé, est probablement l’oeuvre la plus célèbre de l’art Pende, conservée au Musée de Tervuren. Contraste de la déformation faciale, jeu sur la forme, sur la couleur…
Une partie est noire : Stigmates d’une crise d’épilepsie au cours de laquelle, la personne serait tombée dans le feu ? Le danseur portait de plus une bosse dans le dos transpercée par une flèche : un sort (flèche invisible) lui aurait bien été jeté !
Selon, Z.S Strother, ce masque a été probablement sculpté au milieu du XXème siècle et aucun signe n’indique qu’il a été porté.
Si ce masque est célèbre, c’est aussi parce que l’on s’est beaucoup interrogé sur les apports de l’art nègre à la peinture de Picasso. Les nez « en quart de brie » ont fait coulé beaucoup d’encre et le masque Mbangu a longtemps été donné, à tort, comme source inspiratrice d’une des Demoiselles.

Or Picasso n’avait pu voir aucun masque Pende à l’époque.
On sait maintenant qu’il existait, à Paris, un masque de maladie ressemblant à un masque Mbangu entré en 1917 dans la Collection Level; soit 10 ans après le célèbre tableau !
Canada_mbanguChez les Pende centraux, la danse du Mbangu évoquait l’épileptique et servait d’une certaine façon aux individus à reconsidérer leur attitude face à leurs propres malheurs mais aussi face à la maladie d’autrui.
Sa chanson était :
Ne te moque pas de ton voisin
Ne ris pas de ton frère
Les sorciers l’ont ensorcelé
(source : Z.S Strother Inventing Masks)
Chassé par les sorciers; il l’était mais il semble qu’il fut aussi chasseur. Par sa danse, il évoquait son désir de poursuivre ces sorciers et de nuire à ceux qui lui avaient causé du mal…
Combat contre la maladie, opposition des couleurs blanches et noires dans cette face déformée.

Photos Tervuren : © The Royal Museum for Central Africa (Tervuren) – Roger Asselberghs

3 commentaires sur “Le masque MBANGU chez les Pende

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  1. Cette figure de la demoiselle que vous citez était une façon, ou plutôt un moyen pour Picasso d’exorciser sa peur de la maladie liée au corps féminin ; ces « demoiselles » d’Avignon étaient les prostituées du quartier du « barrio chino » de Barcelone où il croisait ces corps féminins potentiellement vecteurs de la syphilis (qui, on le sait, produisait ces déformations horribles visibles notamment sur le visage).
    Je vous avais dit, déjà, combien je trouvais beau ce masque mbuya des pende que j’avais découvert dans le bouquin de Rubin, il y a longtemps. Cette demoiselle de Picasso a une certaine forme de beauté, également, y compris dans le rejet qu’elle inspire… Mais est-ce le dessin (plutôt que le sujet) ? Ca nous ramène à la question de la définition de la Beauté d’une oeuvre. Je trouve, par exemple, particulièrement beau le portrait de Michel Leiris par Bacon.
    Finalement, cette manière d’exorciser une peur à travers la fabrication d’un objet (le tableau) rapproche Picasso des pratiques traditionnelles extra-européennes ?

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