Sahara

Sahara_2001_175J’aime le métro : son odeur mêlée d’humain et de citadin, la bigarrure de sa foule, les pas pressés que j’enchaîne dans ces couloirs balisés; lucide pourtant de l’aliénation à la rame que je ne manquerai pour rien au monde.
Et pourtant me voilà, comme chaque année, sur le départ ; vers cet océan de dunes où je remets mes pas, sans le savoir, dans ceux qui m’ont précédée, dupe d’une feinte liberté laissée aux caprices des vents et à la dilatation du temps qui se joue bien de moi.
Ceux qui connaissent ces paysages savent bien que chacun est différent. Qu’il y a les dunes qui chantent, les dunes rouges comme le sang au coucher du soleil, la marche lourde des journées sous la chaleur, écrasées; le sable qui se lève, vous étouffe, vous fouette quand le vent forcit ; le bonheur de croire à la douceur de la halte et de la vivre, les lèvres rivées à la tasse de thé chaud qui désaltère.
Sahara_2005_300
On peut se croire un géant, contemplant le chemin infini qui se déroule derrière soi, incrédule de l’avoir parcouru, mais aussi bien humble devant la voie béante qui s’annonce.
C’est un peu cela la vie, aussi.

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9 commentaires sur “Sahara

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  1. Ah comme je comprends votre enthousiasme pour le désert. Un seul mot pour tant de diversité. Un seul mot pour sembler en faire le tour alors que cela ne sera jamais possible à aucun homme, ni aux états et organisations.
    J’aimerais savoir quel désert vous allez rencontrer. La saison est idéale. Ni trop fraîche ni trop chaude. Bonne visite de ces lieux habités, autant par l’homme d’hier que la conscience d’être là.
    A bientôt.
    Bertrand

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  2. N’y eût-il dans le désert
    Qu’une seule goutte d’eau qui rêve tout bas,
    Dans le désert n’y eût-il
    Qu’une graine volante qui rêve tout haut,
    C’est assez
    Rouillure des armes, fissures des pierres, vrac des ténèbres
    Désert, désert, j’endure ton défi
    Blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen.
    AIMEE CESAIRE

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  3. Merci à vous tous pour ces souhaits de bon voyage.
    Me voilà revenue, la tête encore ivre.
    Merci à Yvan pour ce si beau poème.
    Pour Bertrand, les deux petites photos du billet proviennent respectivement des environs de Chinguetti, l’autre de la pince de l’Arakao.
    Cette année, j’ai dû narguer la foule du métro avec mes écrits et je l’ai retrouvée quelques fois en plein désert… j’exagère évidemment mais naïvement je n’ai pas pensé que les lacs de l’Ubari étaient accessibles en 4*4… quelques pointes de déception aux lacs à cause du bruit; mais ces belles dunes toujours offertes au silence.

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